Symposium «CHGeol» sur la planification souterraine suisse

L’aménagement du territoire souterrain en Suisse – 5 champs d’action

15.10.2018

La densité des structures souterraines augmente rapidement en raison de la forte activité de construction, non seulement en Suisse, mais aussi dans l’arrière-pays européen, et deviendra à long terme l’épée de Damoclès de l’aménagement du territoire. À l’issue du Symposium sur le Gurten du 3 octobre 2018, un participant confronté quotidiennement au sujet a signalé cinq champs d’action centraux.

Auteur: Frederik Fuchs, directeur chez EBERHARD & Partner AG

Il est de notoriété publique que les plus grands défis ne se trouvent pas dans la construction de chaque objet, mais (et surtout dans le contexte urbain) dans le lien technique et socio-économique avec les structures, respectivement les besoins existants et futures. Actuellement, des structures souterraines sont déjà plus étendues que prévues. Si l’on se souvient, par exemple, que les sondes géothermiques en plein essor ne représentent pas seulement des structures linéaires classiques, mais aussi des structures spatiales réelles dues à la distraction latérale, il devient clair à quel point le sous-sol est déjà bien rempli de nos jours. Selon le Groupement professionnel suisse pour les pompes à chaleur (GSP), rien que pendant les années 2007 à 2017, bien 25 millions de mètres linéaires de sondes géothermiques d’une longueur moyenne estimée à 180 mètres ont été installés nécessitant à eux seuls plus de six kilomètres cubes d’espace souterrain. La future Suisse de plus de 10 millions d’habitants a donc besoin d’urgence d’instruments et de lignes directrices adaptés aux besoins de l’aménagement du territoire souterrain. L’Office fédéral du développement territorial et l’Office fédéral de l’énergie sont ici particulièrement sollicités.

Sans un aménagement du territoire souterrain coordonné, il faut compter avec des frais d’opportunité croissant à long terme dans le cadre de futurs projets de construction. Si l’on renonce aujourd’hui à construire le sous-sol de manière ordonnée et coordonnée, il faut s’attendre à l’avenir à des coûts élevés, car des bâtiments existants qui font obstacle devront être déplacés et les nouvelles construction seront techniquement plus exigeantes que la normale ou celles existantes devront même être mises hors de service avant d’avoir pu être amorties. Les Pays-Bas mettent à disposition du public, sous la forme d’une base de données performante, les informations collectées lors de la prospection d’hydrocarbures au cours des dernières décennies, et ce, notamment dans la perspective de changements de planification difficiles (et ainsi coûteux) suite au manque de bases de données.

Aussi dans le sous-sol géologique, les utilisations techniques ou juridiques ne peuvent pas être empilées ou réalisées à volonté. L’étude des potentiels d’utilisation de souterrain inexploité, respectivement l’exclusion des utilisations concrètes requiert des instruments de planification efficaces. Avec le projet GeoMol développé et publié par Swisstopo, en collaboration avec des partenaires, un atlas en 3D géologique du bassin molassique suisse est disponible pour la première fois, et peut servir d’aide fondamentale à la planification pour de grands projets d’infrastructure et d’exploration, tels le projet GEothermie 2020 ou le projet Cargo sous terrain dans le Mitteland suisse fortement peuplé.

Des considérations isolées de l’espace souterrain au niveau du projet devraient être de plus en plus difficiles au fil du temps comme il ressort de l’exemple du développement géothermique de la zone urbaine élargie de Genève dans le cadre de GEothermie 2020 sous la direction des Services Industriels de Genève et du canton de Genève. Le projet poursuit explicitement une approche multidisciplinaire et a comme objectif de combiner des ressources souterraines du canton de Genève avec le développement urbain et d’agglomération en surface le plus approprié possible. Pour les activités actuelles de l’aménagement territorial et d’exploration, cela signifie qu’il faut aussi oser faire certaines choses ponctuellement dont on ne sait pas encore si elles seront «au bon endroit» demain.

Qu’on le veuille ou non, les cantons devront jouer un rôle clé dans l’aménagement du territoire souterrain. Non seulement ils sont responsables de la souveraineté de l’espace public souterrain, mais ils sont aussi les destinataires des géodonnées mises à disposition par des acteurs privés. En conséquence, ils assumeront une fois de plus la fonction de charnière entre la Confédération et les communes, resp. les investisseurs privés. Pour l’instant, tous les cantons ne semblent pas avoir pleinement conscience du caractère explosif du sujet et de sa portée.

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