L’anergie et la géothermie
19.08.2021Une boucle anergie s’appuie souvent sur un réseau géothermique. Ce réseau thermique représente une solution énergétique très intéressante dans la perspective du développement de la ville durable. Un blog de Romande Energie se penche sur le sujet.
Extrait de blog Romande Energie (Gaëlle Loretan)
Un réseau (ou boucle) anergie pourrait se résumer ainsi : les rejets thermiques des uns deviennent la ressource des autres. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, l’anergie ne fonctionne pas «sans énergie». Le principe repose plutôt sur la récupération d’énergie perdue. Une boucle anergie offre en effet la possibilité de capter, stocker et redistribuer l’énergie. Fonctionnant dans la majorité des cas avec une ressource géothermique ou d’hydrothermie (eau du lac, STEP), l’approche peut toutefois se coupler avec d’autres énergies renouvelables comme le soleil, l’eau ou encore le vent.
La boucle anergie relie entre eux des consommateurs de chaud et de froid. L’approche permet des échanges thermiques simultanés entre différents consommateurs. Connectés sur un même réseau, ils ont la possibilité d’échanger leurs rejets thermiques, qui autrement seraient perdus. Avec l’anergie, les «pertes énergétiques» des uns se transforment en «gains énergétiques» pour les autres. Imaginez qu’un immeuble administratif soit «mis en boucle» avec des bâtiments locatifs situés à proximité. En été, une partie de la chaleur évacuée par les bureaux pourrait être envoyée dans le réseau pour répondre à une partie des besoins en eau chaude sanitaire du bâtiment locatif. De même, le froid envoyé en hiver dans la boucle anergie pourrait être utilisé pour rafraîchir les salles serveurs de l’immeuble administratif. «La récupération à l’échelle d’un consommateur existe depuis longtemps», précise Michel Meyer, membre du comité de Géothermie-Suisse. «Les anciennes usines prenaient l’eau du réseau pour refroidir les pièces usinées. L’eau rejetée à 50°C était alors utilisée pour d’autres processus industriels, ou pour alimenter en eau chaude les douches des employés. Le gros changement aujourd’hui, c’est le développement des infrastructures de réseau thermiques, qui permet de valoriser ce potentiel à une plus large échelle.»
Les quatre piliers de l’anergie
La boucle anergie comprend un dispositif de captage (la ressource énergétique), un dispositif de mutualisation (la boucle anergie), un dispositif de production (une pompe à chaleur) et un dispositif de régulation (l’intelligence du système).
- La ressource énergétique: Dans la majorité des cas, une boucle anergie s’appuie sur un réseau géothermique. Mais un lac ou encore des eaux usées d’épuration peuvent être une bonne source thermique.
- La boucle anergie: La mise en commun des bâtiments est la première étape à franchir pour créer une boucle anergie. Pour cela, on utilise deux tubes dans lesquels circule de l’eau. Chaque bâtiment est raccordé à la boucle, qui relie ainsi les différents bâtiments entre eux.
- La pompe à chaleur: La boucle anergie est connectée à des pompes à chaleur (PAC), qui récupèrent la chaleur de l’environnement et permettent d’adapter les niveaux de température. Il est ainsi possible de raccorder sur une boucle anergie un bâtiment qui a un besoin de chauffage à 50°C et un autre avec un besoin de chauffage à 30°C, en adaptant la consigne de température des PAC présentes dans chaque bâtiment.
- L’intelligence du système: la régulation, c’est le cerveau du réseau anergie. Ingénierie du système, capteurs ou encore gestion semi-automatique rendent aujourd’hui possible la mise en place de boucles anergie.
Connexion et mutualisation
Un des points forts de l’anergie, c’est la possibilité d’y intégrer des sources d’énergie différentes, à n’importe quel endroit du réseau. «À partir du moment où les tuyaux sont interconnectés, on peut y injecter plusieurs ressources», explique Michel Meyer, de l’association Géothermie Suisse. «Sur la boucle, on peut imaginer trouver une centrale géothermique qui produit de l’eau à 50°C, une station d’épuration qui rejette des eaux épurées et une industrie qui rejette des déchets thermiques. Le réseau supporte des sources d’approvisionnement multiples.»
Un autre atout majeur de l’anergie réside dans sa capacité à mutualiser les besoins énergétiques entre bâtiments, ce que ne permet pas un réseau de chaleur classique, qui reste dans le schéma d’une production d’énergie centralisée et unidirectionnelle. Chacun peut ici profiter des déchets thermiques de l’autre. Toutefois, les besoins n’étant pas forcément simultanés, la ressource géothermique peut servir de stockage pour le chaud et le froid. Encore un atout de l’anergie, et non des moindres.
Plus d’informations
– Le texte original sur le blog de Romande Energie
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